PortraitDepuis son succès phénoménal dans les Spice Girls, il y a vingt-cinq ans, la femme de David Beckham a su passer d’un rôle à l’autre. La Britannique a fait de son couple puis de sa famille l’objet d’une puissante attraction outre-Manche. En septembre, sa marque, lancée en 2008, défilera pour la première fois à la Fashion Week de Paris.
Au milieu des années 2000, deux amis se livrent à un exercice étonnant : un remake très personnel de My Fair Lady, une comédie musicale dans laquelle Eliza Doolittle, une jeune fleuriste interprétée par Audrey Hepburn dans l’adaptation à l’écran. George Cukor prend des cours auprès d’un professeur de phonétique pour apprendre à parler « comme une dame ».
Le français Roland Mouret et l’anglaise Victoria Beckham étaient à l’affiche de cette drôle de performance, qui se joue en toute intimité. Le premier est un couturier installé à Londres depuis dix ans, dont les vêtements moulants à l’allure hitchcockienne rencontrent un certain succès. Le second faisait partie des Spice Girls, un groupe de musique pop des années 1990 avec 100 millions d’albums vendus. Elle est mariée au footballeur vedette David Beckham.
Elle a la trentaine et imagine déjà une nouvelle carrière. Elle veut faire de la mode. Elle rêve du métier de styliste dans le monde du luxe, elle, qui était la plus préparée dans les Spice Girls, insiste toujours auprès de la maison de disques pour obtenir plus de budget pour les tenues de scène.
Une entrée dans la cour des grands

Invitée à un défilé Versace à Milan, elle est revenue, se souvient-elle aujourd’hui, « comme après mille réveillons de Noël ». Victoria Beckham sait que le monde de la mode, si snob, si exigeant, juge sans pitié la pop star, la « Wag » – cette abréviation créée par la presse britannique pour désigner les « women and girlfriends » (les « femmes et petites filles »). Friends ») de footballeurs qui, selon les tabloïds, ne sont guère doués pour avoir les enfants de leurs héros et vider leurs comptes bancaires – viennent tenter leur chance dans un univers qui n’est pas le leur.
Roland Mouret lui donne des leçons pour cela. Il lui explique qui est qui, lui apprend qu’il ne suffit pas de présenter les vêtements, qu’il faut les expliquer aux journalistes et aux acheteurs des magasins. « C’était vraiment My Fair Lady », a-t-il décrit. Nous mettions en scène. J’ai joué la journaliste de mode qui est venue l’interviewer et elle m’a parlé de sa collection, de sa vision. Elle lui confie ses craintes de ne pas être prise au sérieux, il la rassure. D’autres l’encouragent, comme le designer Marc Jacobs, alors directeur artistique de Louis Vuitton. Lorsqu’elle a présenté sa toute première collection à New York en 2008, il l’a personnellement félicitée.
En septembre, c’est une nouvelle étape que franchit cette unique Eliza Doolittle. Elle défilera pour la première fois à Paris, lors de la semaine de la mode la plus prestigieuse au monde. Une entrée dans la cour des grands, comme un coup double. Pour elle, dont le nom figure parmi ceux des maisons illustres. Et pour l’événement parisien, qui ne peut ignorer le buzz que ne provoquera pas l’Anglaise, entourée de David, de ses enfants et d’amis célèbres. « Il est temps. Elle est prête », a déclaré Ralph Toledano, président du conseil d’administration de Victoria Beckham Ltd (VBL). Associé au fonds NEO Investment Partners, entré au capital de la marque en 2017, l’homme est connu dans le secteur du luxe pour avoir dirigé plusieurs maisons (Guy Laroche, Chloé, etc.), ainsi que la Fédération de la Haute Couture et de la Mode. . .
Vous avez 84,26% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.