[Critique de Philippe Renaud] Il y a Nakamura donc « bang ! », mais…

C’est l’événement musical de la rentrée en France, peut-être même de l’année, et tant pis pour ses détracteurs : paraît aujourd’hui DNK, le quatrième album d’Aya Nakamura, la plus grande pop star de la francophonie. , qu’on verra pour la première fois sur la scène montréalaise le 4 août, au festival Osheaga. Six ans après son apparition dans les charts, cinq ans après le succès de la chanson de Djadja – 900 millions de vues sur YouTube ! -, l’auteur-compositeur-interprète malien consolide son succès avec un album sensuel, assuré, aux techniques musicales astucieusement soignées.

Vendredi dernier, le quotidien Le Monde lançait une édition de M Magazine avec Nakamura en première page – avec deux couvertures différentes, s’il vous plaît. Incomprise et moquée au départ, notamment à cause de son vocabulaire, ce mélange d’expressions africaines et parisiennes, sa passion héritée de la commune de Seine-Saint-Denis où il a grandi, Aya Nakamura est aujourd’hui devenue une force française. scène musicale… et source d’innombrables sujets pour la presse tabloïd, qui s’intéresse désormais au procès qui l’oppose à son ancien ami (et réalisateur).

En l’occurrence, celle qui se fait appeler La Nakamurance a laissé entendre que DNK serait un album intimiste annoncé – le titre fait référence à son vrai nom de famille, Danioko. En arrière-plan, peut-être, mais à l’intérieur, ce n’est pas vrai, le texte est toujours à la surface de l’amour, même s’il se sent. C’est l’ambiance de l’album qui révèle le meilleur : fluide, mature, affirmée et respectueuse de la musique populaire africaine avec laquelle il a grandi.

Mêlant des rythmes zouk (qui rappellent la house, mais plus lents, encore plus ici sur DNK) avec des influences R&B et pop, Nakamura a fait son lit dans le premier tiers de l’album. Parcimonieusement rythmé sur l’ouverture de Corazon, plus épicé sur Baby entêtant (« Il veut des câlins partout / Veut cher-tou partout / Amour et tout et tout », un pur refrain de nakamurance), typiquement zouk dans la cadence Daddy, duo et le rappeur SDM aux racines congolaises, que l’on verra au Club Soda le 25 mars.

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Tout le premier tiers de celui-ci, y compris la collaboration avec le portoricain Myke Towers (la chanson T’as peur), coule de la même eau calme, le groove est comme une petite vague à bascule, le son est un peu trop imprégné d’autotune, toujours dans le thème aquatique. Ça marche, ça s’écoute. Consensuel ? complètement. C’est comme si le succès de la ritournelle afropop 2020 Never again with British Stormzy, issu du précédent album d’AYA (un album plus sulfureux), avait été guidé dans le sens de la musique de DNK.

Mais l’intention est claire : faire des rythmes populaires d’Afrique de l’Ouest une nouvelle variété française grand public. En cette nouvelle année, la scène musicale nigériane s’est imposée sur la planète pop avec sa nouvelle formule afrobeat, fortement inspirée du dancehall jamaïcain ; en optant pour des productions musicales simples et accessibles. Cependant, selon les régions d’origine, Aya Nakamura (née à Bamako) propose sa propre lecture, son propre goût, de la pop africaine. Un peu édulcoré, certes, adapté à la radio occidentale, mais contagieux.

Au milieu de l’album, Nakamura fait monter la température avec Belleck, dans un léger rythme influencé par la trap, sa prosodie devient plus pêchue. Après l’accrocheur Cadeau, une collaboration avec le jeune rappeur et chanteur Tiakola, avant la ballade dépouillée J’ai mal, sa voix n’était accompagnée que d’un simple accord de guitare. On retrouvera deux nouvelles bombes dans le dernier volet de l’album : The flavor et son refrain impeccable, et slow pop-zouk groove Everyone, en duo avec la chanteuse Kim.

DNK ressemble à un album d’artistes qui n’ont actuellement rien à prouver. Si on lui reproche son manque d’audace (cette même force qui dérangeait tant à ses débuts !), besoin de reconnaître d’un même souffle l’efficacité de sa formule et l’image actualisée du musicien, il est serein. son assurance, son sens de la formule et son impressionnante maturité artistique, atteinte en seulement 27 ans.

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