Les témoignages, éprouvants et poignants, des endeuillés, rescapés ou proches des victimes de l’attentat de Nice se sont achevés vendredi devant le tribunal spécial de Paris, qui ouvrira mardi un nouveau chapitre du procès en constatant…
Avocats et gendarmes devant la salle d’audience de la cour d’assises spéciale de Paris, où se déroule le procès de l’attentat de Nice de 2016, le 5 septembre 2022 à Paris
(DOSSIER) Cette photo d’archive du 5 septembre 2022 montre des gendarmes français montant la garde à côté d’avocats au palais de justice de Paris le jour de l’ouverture du procès de huit suspects pour l’attentat de juillet 2016 dans la ville méditerranéenne de Nice, où un islamiste radical de 31 ans , qui a été abattu par la police, a tué 86 personnes en conduisant un camion dans des milliers d’habitants et de touristes célébrant la fête nationale de la France. (Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Thomas SAMSON)
Les témoignages, éprouvants et poignants, des rescapés, rescapés ou proches des victimes de l’attentat de Nice se sont achevés vendredi devant le tribunal spécial de Paris, qui ouvrira mardi un nouveau chapitre du procès en examinant les événements survenus le 14 juillet 2016.
Infographie recréant l’attaque au camion bélier sur la Promenade des Anglais à Nice le soir de la fête nationale française en 2016, au cours de laquelle 86 personnes ont été tuées (Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Sophie RAMIS)
Plus de 260 personnes, parfois d’Australie ou de Russie, ont pris la parole depuis le 20 septembre pour dire au tribunal « l’horreur » de ce qu’elles ont vécu, leur vie « fracassée » depuis l’attentat ou encore exprimer le sentiment de « culpabilité ». du survivant.
Croquis de la salle d’audience de l’ancien président François Hollande témoignant devant la cour d’assises de Paris lors du procès de l’attentat de Nice de 2016 le 10 octobre 2022 à Paris (Tous droits réservés. © (2022) Agence France- Presse – Benoit PEYRUCQ)
Quatre derniers témoins et représentants d’associations de défense des victimes d’attentats ont bouclé le cycle entamé il y a cinq semaines.
Mémorial aux victimes de l’attentat de Nice le 15 juillet 2016 à Nice (Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Valery HACHE)
« En 30 ans au barreau, je n’ai jamais vu autant de souffrances que dans ce bar », a déclaré Méhana Mouhou, une avocate civiliste qui était également présente au procès contre les attentats du 13 novembre.
Croquis d’audience de l’ancien procureur antiterroriste François Molins lors du procès de l’attentat de Nice au Tribunal spécial de Paris, le 10 octobre 2022 (Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Benoit PEYRUCQ)
Deux points de tension sont ressortis des dépositions : les prélèvements d’organes effectués sur les victimes sans prévenir les familles et le dispositif de sécurité sur la Promenade des Anglais le soir de l’attentat, qui a fait 86 morts.
Parmi les temps forts, on retiendra le témoignage émouvant d’Anne Gourvès, une enseignante dont la fille de 12 ans, Amie, est décédée peu après son arrivée à l’hôpital, ou de Samira, qui a perdu Yanis, son fils de quatre ans. et un an et demi.
Toutes les victimes décédées à l’hôpital ont été autopsiées et leurs organes prélevés. « Ils ont massacré mon enfant. Ma fille a été assassinée deux fois. Par un fou, puis par une autopsie », a déclaré Mme Gourvès à la barre.
« Il était beau mon fils, il est mort en souriant. Son corps ensanglanté a été transporté aux urgences. Les pompiers ont tenté en vain de le ranimer », raconte Samira, ignorant que ce geste médical faisait partie des critères retenus par le parquet pour « Ils l’ont ouvert de la tête aux pieds. Nous n’avons pas été informés qu’il y avait eu une autopsie sur notre enfant. »
Cité à la barre, François Molins, l’un des plus anciens magistrats français, à l’époque procureur de la République à Paris chargé des affaires de terrorisme, a évoqué « une sorte de zèle excessif » de la part de l’institut médical de Nice à sa manière. de roulement. sur le prélèvement d’organes.
Quatorze victimes ont subi ce prélèvement massif d’organes. Les familles ne l’ont appris qu’à l’audience.
– ‘Une insulte aux victimes’ –
Y a-t-il eu une faille de sécurité sur la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet 2016 ? De nombreuses parties civiles l’ont confirmé à la barre.
« Qu’est-ce que ta mort aura changé ? » Socles (béton) sur la Promenade des Anglais. C’est bien d’y avoir pensé maintenant que tu es parti, dit amèrement Margaux Dariste. Sa fille Léana, la plus jeune victime de l’attentat, avait deux ans et demi.
La question est obsédante. Comment Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a-t-il pu effectuer dix reconnaissances sur la Promenade avec son camion de 19 tonnes sans souci ? Comment a-t-il pu rouler librement un jour férié sur la Promenade pour mener à bien son projet criminel, a demandé Philippe Murris, dont la fille Camille est décédée dans l’attentat.
« Il n’y a pas eu de relâchement » de la sécurité, ont assuré à la tête de l’ancien président François Hollande et Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l’intérieur. Dans une déposition fluviale, le maire de Nice, Christian Estrosi, a catégoriquement démenti toute faille dans la mise en place du dispositif de sécurité sur la Promenade.
« Aujourd’hui comme hier, rien n’empêcherait un camion aux mains d’un terroriste déterminé de s’en prendre à la foule », a-t-il déclaré, provoquant des soupirs sur les bancs des parties civiles.
Aujourd’hui, Député (Horizons) des Alpes-Maritimes et Maire de Nice au moment des faits, Philippe Pradal a fait preuve de plus de compassion. « Dire aujourd’hui dans ce bar que tout a fonctionné serait une insulte à la mémoire des victimes. Il faut reconnaître un échec », a-t-il admis.