Jusqu’au lundi 26 septembre, un peu plus de 400 journalistes sont appelés aux urnes pour voter une motion de censure sur la gestion de l’information du diffuseur, emmenée par Érik Kervellec et son adjoint, Léopold Strajnic.
Le vote est ouvert à France Bleu. Depuis hier, une motion de censure visant la gestion de l’information radiophonique dans les 44 stations locales est votée par le Syndicat national des journalistes (SNJ) et par le SNJ-CGT. Un peu plus de 400 journalistes, dont des rédacteurs en chef, sont invités à participer au vote électronique qui s’étale sur une semaine. Le vote d’une telle motion est « totalement inédit sur France Bleu », a déclaré vendredi à l’AFP le SNJ. Le résultat sera dévoilé le lundi 26 septembre.
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« Une réelle perte de confiance des équipes de France Bleu »

Dans le texte de cette motion, rendu public le 16 septembre, les syndicats SNJ Radio France et SNJ-CGT Radio France décrivent l’état de « malaise » au sein de la rédaction du réseau. « Le problème est profond. C’est celui d’une vraie perte de confiance des équipes de France Bleu dans le projet qui leur est imposé. C’est celui d’une perte de sens qui nous interroge collectivement et individuellement sur notre avenir », ont-ils écrivez.
La « stratégie éditoriale » de la direction de l’information de France Bleu suscite, selon eux, l’incompréhension des équipes. Ils regrettent, par exemple, le manque de liberté éditoriale des radiodiffuseurs locaux qui sont obligés de se conformer aux décisions prises au niveau national. Les syndicats citent « des journées spéciales répétées décidées à Paris et imposées uniformément à toutes les rédactions, même lorsque le sujet est très éloigné des préoccupations locales du moment » ou « des chroniques imposées que la plupart des rédactions traînent comme des boulets de canon ».
Matthieu Darriet, co-secrétaire du SNJ-Radio France, a précisé ce dernier point à puremedias.com que « les petites rédactions peinent à sécuriser ces rendez-vous obligatoires, comme la rubrique ‘La reprise économique’, dont nous sommes « Questions sur le sens ». . Dans certains d’entre eux, l’équipe ‘programme’ a dû prendre en charge cette chronique, qui est pourtant un contenu éditorial ».
Le journal de 18h temporairement suspendu à France Bleu Hérault

Le non-remplacement des fonctionnaires est également soulevé par la motion. « Faute de substituts, certaines stations sont contraintes de supprimer des journaux », protestent les syndicats. Le responsable du SNJ de Radio France a en effet relevé qu' »un arrêt longue maladie non totalement indemnisé a obligé France Bleu Hérault à suspendre temporairement le flash de 17h et le JT de 18h. C’est une ligne rouge qui passe ». .
D’un point de vue plus général, regrette le syndicaliste, « les non-remplacements ont conduit cet été au partage des offres éditoriales entre certaines stations ». Le SNJ craint que ces situations ne se reproduisent dans les prochaines semaines avec la multiplication des virus hivernaux.
L’ambiance au sein du réseau France Bleu s’est dégradée pendant de longs mois. Depuis le 28 mars, les journalistes de France Bleu sont priés de cesser volontairement de contribuer à la publication de leurs reportages sur le site « Ici », lancé cette année et animé par la rédaction de France 3 et France Bleu. Matthieu Darriet nous dit que ce mouvement de non-contribution sur le web se poursuit aujourd’hui. « Malgré les mises en garde, la transformation de l’application France Bleu en ‘Ici’ n’a fait l’objet d’aucune gestion éditoriale et à ce jour les doublons et informations contradictoires se multiplient. SNJ Radio France et SNJ CGT-Radio France.
Cette motion de défiance ? « Une fracture inutile » pour FO

Mais toutes les forces syndicales ne sont pas sur la même longueur d’onde. FO Radio France, en effet, ne partage pas la démarche de ses homologues. Dans un communiqué, le syndicat qualifie ce vote de défiance de « fracture inutile ». Selon le syndicat, « lancer une motion de censure contre la direction de l’information, c’est affaiblir les journalistes », écrit-il dans un communiqué diffusé en interne.
Toujours contre cette motion, la Société des rédacteurs et rédacteurs en chef de France Bleu a apporté, au contraire, « (son) soutien et (sa) confiance (à son) directeur de l’information et à toute son équipe ». « Cette motion, proposée alors que le directeur de l’information est en arrêt maladie, le vise directement et nommément. Voilà pour la forme », s’étonne-t-elle. Et de poursuivre sur le fond : « Nous n’acceptons pas que deux syndicats (SNJ et SNJ CGT, ndlr) se proclament porte-parole des rédacteurs en chef en précisant ‘qu’une grande majorité des rédacteurs en chef du réseau veulent le départ d’Erik Kervellec’. »
Une déclaration qui attire l’attention, puisque la phrase faisant référence à la Société des rédacteurs et rédacteurs en chef de France Bleu ne figure pas dans le texte de la motion de censure… Joint par puremedias.com, Éric Ballanger, vice-président de la Société des rédacteurs et rédacteurs en chef de France Bleu, indique que cette phrase aurait été « prononcée par une voix syndicale lors d’une réunion tenue jeudi dernier avec la direction ». La rédaction de France Bleu Gascogne nous informe également que les 35 membres de l’association sont contre la motion. Ils contestent sa légitimité et ne participeront pas au vote organisé de cette semaine.
« Le plus grand étonnement » de la direction de France Bleu

Contactée mardi par puremedias.com, la direction de l’information de France Bleu s’est refusée à tout commentaire. Dans un mail envoyé en interne et consulté par l’AFP vendredi dernier, elle dit pourtant avoir appris « avec le plus grand étonnement » l’organisation de la motion de censure, écrit le directeur de France Bleu Jean-Emmanuel Casalta. Avant de poursuivre : « Sur tous les dossiers évoqués dans la requête, le SNJ a reconnu qu’ils étaient identifiés, traités ou en cours de traitement » lors d’une réunion organisée jeudi « à l’initiative de la direction », a assuré Jean-Emmanuel Casalta.
Et ce dernier de nuancer : « La direction de France Bleu est cependant pleinement consciente des efforts supplémentaires qui sont nécessaires pour continuer à améliorer les organisations », a-t-il conclu, avant de renouveler sa « pleine confiance » au directeur de l’information de France Bleu et son équipe pour « poursuivre les discussions avec les directeurs, rédacteurs en chef et journalistes des radios locales ».